Élucubrations

Mes pensées, réflexions, analyses…

Attention : certains articles ressemblent à des vrais !

Le grand remplacement
  • Le grand remplacement

Le grand remplacement a déjà eu lieu
On est pu chez nous !


Il a eu lieu la première fois il y a 570 000 ans, quand l’homme et la femme de Tautavel ont grand-remplacé l’Homo Erectus (aucun rapport avec son orientation sexuelle) qui avait élu domicile il y a environ 1,1 million d’années sur le territoire.

Le grand remplacement a encore eu lieu il y a 335 000 ans, quand les hommes et les femmes de Tautavel ont été grand-remplacé·e·s à leur tour par ceux et celles de Néandertal, peut-être en provenance de l’actuelle Espagne, et qui ont apporté avec eux et elles une culture plus élaborée, notamment artistique, ainsi qu’un langage plus articulé.

Il a eu lieu ensuite il y a 42 000 ans et des poussières, lorsque l’Homo et la Feminae Sapiens ont grand-remplacé progressivement leurs cousins et cousines de Néandertal, développant l’art pariétal et mobilier en même temps qu’un langage devenu syntaxique.

Il y a entre 7000 et 8000 ans, un nouveau grand remplacement s’est produit lorsque ceux qu’on appelle les « premiers agriculteurs européens » – et donc avec eux les premières agricultrices européennes – venu·e·s d’Anatolie (actuelle Turquie) se sont répandu·e·s dans toute l’Europe ainsi qu’en Afrique du Nord. Il est d’ailleurs assez désopilant, je trouve, de savoir que le patrimoine génétique des Européens et Européennes est en majeure partie le même que celui des Maghrébins et Maghrébines.

Un autre grand remplacement a encore eu lieu il y a 4200 ans, quand des nomades bergers et bergères, éleveurs et éleveuses, sont venues de la Steppe Pontique (actuelle Ukraine) pour poser leurs valises sur le territoire, papotant entre eux et elles, en langue indo-européenne indéterminée, de culture Yamna et de l’invention de la roue.

Mais ceux-ci et celles-là n’étaient que la vague avant-coureuse des Celtes qui, venant d’Europe Centrale, allaient les grand-remplacer au Vie siècle AP (avant le présent), imposant sur le territoire la culture de Hallstatt, puis celle de La Tène, en même temps que l’une des langue celtiques qu’on appellera plus tard le gaulois. Les grand remplacer tous ? Non ! Car le Sud-Ouest peuplé d’irréductibles Aquitains, ou Proto-Basques dont j’ignore s’ils ont grand remplacé quelqu’un et si oui qui, résistait encore et toujours à l’envahisseur celte.

Au IIIe siècle AP, les Belges, peuple d’origine germano-celtique, sont venus grand-remplacer les Celtes de souche du Nord du territoire. Le territoire, que l’empereur romain Jules César en personne nommera Gaule (Gallia), et qui n’avait pas tout à fait la même gueule que notre France d’aujourd’hui, était alors constitué de peuples belges au Nord (comprenant l’actuel Nord de la France et l’actuelle Belgique), de peuples celtes de souche au centre (des actuelles Bretagne et Normandie jusqu’à un bout de l’actuelle Allemagne en passant par l’actuelle Suisse) et de peuples aquitains au Sud-Ouest.

En 52 av. J.-C., alors que tous ces peuples gaulois se bastonnaient joyeusement dans une fraternité exemplaire, les Romains et, ce ne sont pas des salades, les Romaines (qui avaient déjà grand-remplacé la Gaule Cisalpine en -203 et la Gaule Narbonnaise en -123) ont fini par violemment grand-remplacer tout le territoire. Leur règne durera près de 5 siècles, durant lesquels les Gaulois et les Gauloises ont adopté petit à petit la culture romaine, la croyance en ce dieu chrétien dont les Romains avaient pourtant crucifié le fils 500 ans plus tôt, ainsi que l’habitude de manger du saucisson en parlant latin. (Je suis désolé pour les Français de souche qui pensaient que le saucisson était l’apanage de leur culture ancestrale.)

« L’Armorique, l’Armorique, je veux la voir et je l’aurai ». C’est certainement ce que chantaient les Bretons et Bretonnes insulaires (de Grande-Bretagne) qui, par vagues successives, sont venu·e·s grand-remplacer l’honnête population celte du Nord-Ouest de la Gaule entre le IIIe et le Vie siècle, important par la même occasion le breton, une langue celtique brittonique.

Mais rien n’est grand-irremplaçable. Fuyant les Huns (et les autres) qui les assaillaient depuis l’Asie Centrale et en quêtes de nouvelles terres où s’établir, nos cousins germains et cousines germaines d’Europe du Nord et d’Europe Centrale ont déferlé sur l’Empire romain lors de plusieurs séries de mouvements migratoires ou d’invasions (qualifiées au XIXe siècle de « barbares » alors qu’elles ne l’étaient pas plus que les conquêtes de la Rome chrétienne).
À tel point que les gouverneurs Romains ont parfois été contraints de passer des accords avec les envahisseurs et les envahisseuses, ou de ramollir leur politique migratoire en intégrant des populations entières de migrants et de migrantes – gothiques notamment, mais leur style vestimentaire importe peu – qui en ont profité pour se rebeller ensuite, ingrates, se plaignant que les conditions d’accueil n’étaient pas assez bonnes à leur goût… C’est d’ailleurs à cette occasion que l’Empereur Valentinien II aurait déclaré « L’Empire romain empire, Romains ! ».
Toujours est-il que les Boch… euh, les Germains et les Germaines, ont fini par vaincre l’Empire romain et par avoir la Gaule. Les Burgondes ont grand-remplacé le grand quart Sud-Est, les Wisigoths (de religion arianiste) le grand quart Sud-Ouest, et les Francs (alors plus guerriers que maçons) le Nord, avant que ces derniers ne conquièrent l’ensemble du territoire en 555 excepté la Septimanie (actuel Languedoc-Roussillon) restant wisigoth. La fusion civilisationelle et culturelle entre les grands-remplaçants francs et les grands-remplacés gallo-romains aboutira au VIIe siècle, mais durant ces siècles de contact et de confrontation avec l’Empire romain, les Germains et les Germaines délaisseront le paganisme has-been au profit du christianisme et, pour ceux et celles ayant conquis l’Europe de l’Ouest, les langues germaniques au profit du latin.

Malgré des rivalités plus ou moins franches parmi les Francs, tout aurait pu bien aller dans le meilleur des mondes, mais c’était sans compter les tentatives de grands remplacements, razzias et actes de piraterie des Sarrasins et Sarrasines…
Entre 719 et 759, ils ont conquis la Septimanie (Narbonne aura été musulmane pendant 40 ans) et razzié sporadiquement le sud du royaume franc jusqu’à Avignon, Lyon, Sens et Autun. En 732, les Sarrasins ont été aplatis comme des crêpes à Poitiers par Charles Martel, et la Septimanie a été récupérée en 759, non sans pépins, par son fils Pépin le Bref (qui a eu un règne assez court en effet).
En 760, ils ont tenté à nouveau de grand-remplacer la Provence, et se sont livrés à de nombreuses et ravageuses razzias sur le territoire ainsi qu’à des actes de piraterie (ils controlaient la méditerranée et avaient établi leur repaire en Corse) qui perdureront jusqu’au XVIIe siècle.

Mais si les Francs ont eu beaucoup de mal à se débarrasser des incursions sarrasines à l’intérieur du territoire, ils en auront également beaucoup à se débarrasser de celles des Normands et Normandes (Vikings). Remontant les fleuves avec leurs drakkars, ils ont pillé, incendié, ravagé, kidnappé, mis en esclavage et fait chanter du IXe au XIe siècle, héritant finalement du territoire qu’on appellera en leur nom la Normandie.

Les deux dernières tentatives de grand remplacement évoquées, celles des Sarrasin·e·s et celle des Vikings, n’ont pas grand-remplacé grand-chose. Et ne parlons pas des Juifs et Juives qui, arrivé·e·s sur le territoire au Ier siècle (expulsé·e·s et revenu·e·s par la suite) n’ont rien grand ni petit-remplacé du tout malgré leurs apports à la culture.
Non. La prise de possession du territoire par les Francs a été le dernier véritable grand remplacement en date. Et depuis l’installation des Vikings en Normandie jusqu’à la période actuelle, nul flux migratoire, nulle invasion totale ou partielle du territoire n’a eu d’effet de grand remplacement. On parlera dès lors de tentatives d’invasion, d’occupations courtes, d’accueils de réfugiés, d’import de main-d’œuvre ou d’immigration sporadique, inquantifiable, sans commune mesure avec les véritables grands ou même petits remplacements d’antan.

PS : À noter qu’à chaque remplacement qu’ait connu le territoire comme n’importe quel autre, les remplacés ont toujours été imprégnés du patrimoine génétique et culturel des remplaçants comme les remplaçants l’ont été du patrimoine génétique et culturel des remplacés.
Si bien que nous sommes d’origine et de culture franco-normando-sarrasino-burgondo-wisigo-bretonno-gallo-romano-belgo-protobasco-celtico-steppo-anatolo-sapio-néandertalo-tautavelo-erectus.

Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_peuplement_de_la_France
https://lejournal.cnrs.fr/articles/de-tout-temps-lhomme-sest-deplace#:~:text=L%27arch%C3%A9ologue%20Jean%2DPaul%20Demoule,l%27aube%20du%20XXe%20si%C3%A8cle
https://www.cnrs.fr/fr/presse/7-000-ans-dhistoire-demographique-en-france
https://www.la-croix.com/France/France-connu-deux-vagues-dimmigration-prehistoire-2020-05-27-1201096186
https://www.cairn.info/revue-diogene-2005-3-page-9.htm
https://www.radiofrance.fr/franceinter/les-migrations-aux-origines-de-notre-humanite-3895337
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaule_romaine
https://www.lhistoire.fr/carte/la-gaule-avant-et-apr%C3%A8s-clovis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasions_barbares
https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/5681-grandes-invasions-barbares-et-chute-de-l-empire-romain.html#google_vignette
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9sence_sarrasine_au_nord_des_Pyr%C3%A9n%C3%A9es
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raids_vikings_en_France


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Australopithèque

Australopithèque

Empreintes fossilisées d’australopithèque datant de 3,66 Ma, découvertes à Laetoli, Tanzanie

 

Australopithèque


Inventeur de la tong

En ce qui me concerne, je pense que le pouce écarté des autres orteils des australopithèques est la preuve que les tongs existent depuis au moins 3,66 millions d’années, et qu’elles ont été inventées parce qu’il n’a pas été très aisé pour les primates arboricoles tout juste descendus de leur arbre de fouler le sol dur et sec de la savane.


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Écoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan Mitchell

Écoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan Mitchell

Écoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l’artiste américaine Joan Mitchell


Des écoterroristes jettent du potage sur des toiles de l’artiste américaine Joan Mitchell exposées au Centre Pompidou.

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L’organisation s’en aperçoit un mois plus tard, grâce aux taches résiduelles laissées sur le mur de la galerie qui « ne semblaient pas être là avant », d’après le directeur de l’équipe d’entretien.

« Jusqu’où iront-ils ? Combien d’œuvres inestimables devront-elles être souillées avec de la soupe avant que le gouvernement ne prenne des mesures pour les empêcher de nuire ? » interroge Gérard Gronèz, président de la Fédération des Musées et Patinoires de France.

D’après l’analyse effectuée par un expert goûteur de la Direction Générale Des Patrimoines, les toiles auraient été maculées de différentes variétés de soupes et potages provenant de l’enseigne Biocoop. La police judiciaire s’oriente donc sur la piste d’activistes écologistes.

 

Quelques-unes des œuvres que les activistes écologistes ont pris pour cibles :

Écoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan MitchellÉcoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan MitchellÉcoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan Mitchell

Écoterrorisme : des activistes écologistes jettent de la soupe sur des toiles de l'artiste américaine Joan Mitchell


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Galaxie d'Andromède

Galaxie d'Andromède

Galaxie d’Andromède


« Dans 4,5 milliards d’années et des poussières, notre galaxie va entrer en collision avec celle d’Andromède »

Ça me fout un de ces cafards, quand je pense que dans 4,5 milliards d’années et des poussières, notre galaxie va entrer en collision avec celle d’Andromède et que PAF ! on va disparaître…

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Alors évidemment, il y aura toujours des gens pour dire « Mais ne t’inquiète pas, c’est comme dans un jeu de billard, les étoiles et les planètes vont valdinguer aux quatre coins d’une nouvelle giga méga galaxie », mais bon…

Vous imaginez le bouleversement ?! On se retrouvera n’importe où dans une galaxie dont on ne connaîtra même pas les planètes voisines (déjà qu’en termes de racisme on n’est pas mal), la tête en bas inversée par un retournement aléatoire des pôles magnétiques, le dawa total…


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Journaliste Poutine

Journaliste Poutine

Journaliste – « Comment je suis devenu un admirateur de Vladimir Poutine »


« J’ai été un admirateur de Vladimir Poutine »

Patrick est journaliste. Il nous explique comment il en est arrivé à déclaré son soutien au Président russe Vladimir Poutine, entre sa descente aux enfers et son retour sur le chemin de la vertu.

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Patrick, pouvez-vous nous raconter votre parcours scolaire et votre formation au journalisme ?

Après mon bac pro MDI (ndlr : Métiers de l’Information), j’ai immédiatement suivi la formation DJ (ndlr : Devenir Journaliste) proposée par la DGMIC (ndlr : Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, branche du Ministère de la Culture et de la Communication) pour avoir un bagage supplémentaire.

 

Pouvez-vous nous dire précisément en quoi consiste cette formation ?

C’est une formation sur 3 mois dans laquelle on forme les futurs journalistes aux techniques de pointe en matière de communication et d’information. C’est une formation très sélecte sur concours, la note éliminatoire étant de 2 sur 40.
On apprend surtout à maîtriser des logiciels comme AIAW (ndlr : Rédaction Assistée par IA), WordMix (ndlr : mélangeur de mots), RefGenerator Pro (ndlr : générateur de références), Corrector III (ndlr : correcteur d’orthographe, de grammaire et de syntaxe), Power WordOverstate 3D (ndlr : exagérateur de termes et expressions), IEM Info Eraser Max (ndlr : programme de suppression d’informations sensibles) ou encore des « scary insignificant datas calculators » (ndlr : calculateurs de chiffres non-significatifs qui font peur), etc. Le tout entrecoupé de séances de RPI (ndlr : Reconditionnement par l’Image).

 

Certaines personnes pensent que les journalistes sont rompus aux techniques de manipulation. Que pouvez-vous dire à nos lecteurs à ce sujet ?

C’est complètement faux. Nous ne manipulons rien ni personne. Ce travail est réalisé en amont par ceux qui nous transmettent les directives et les informations brutes.

 

Et quand avez-vous intégré pour de bon le monde du travail ?

Étant donné que j’ai terminé 1er de ma promotion avec une note générale de 5 sur 40, j’ai eu immédiatement de nombreuses propositions, ce qui m’a permis de choisir la meilleure offre. Comme j’ai toujours voulu faire du journalisme d’investigation, je n’ai pas hésité une seconde avant d’envoyer ma réponse favorable à BFMTV. J’ai intégré leurs équipes web en distanciel en avril 2020, au cœur de la pandémie de Covid-19.

 

Comment ça s’est passé ?

C’était de la folie. Je ne pouvais pas rêver mieux. Tous les jours, je recevais dans ma boîte mail la directive ministérielle pour la marche à suivre quotidienne, ainsi que plusieurs dépêches AFP transmises par ma direction afin que j’en génère un certain nombre d’articles.

 

Vous savez que la fiabilité de l’information est au cœur des préoccupations des Françaises et des Français. Les dépêches de l’AFP sont-elles toujours fiables ?

On ne peut pas trouver plus fiable comme sources d’informations. C’est simple, les journalistes de l’AFP sont directement formés par la DGMIC (rappel ndlr : Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles), et chaque dépêche passe d’abord par le cabinet de direction ministériel où elle est analysée et corrigée, avant d’être envoyée à la direction des divers médias partenaires des autorités.

 

Et donc après, c’est vous qui intervenez ?

Oui. Dès que je recevais la dépêche, mon rôle était de la reformuler, de l’enrober, d’ajouter des références, sans oublier les mots clés pour qu’elle soit immédiatement référencée dans les moteurs de recherche, le tout en conformité avec la directive ministérielle. C’était passionnant. J’avais vraiment le sentiment d’être utile à la société.

 

Et puis ça s’est arrêté…

Oui, progressivement. Fin 2021, je ne recevais plus qu’une dépêche par semaine. Sachant que j’étais payé au mot avec des bonus sur les mots-clés, je générais des articles plus longs.

Mais début 2022 on a commencé à ne plus rien recevoir, hormis des directives qui nous demandait de générer de nouveaux articles à partir de ceux de la semaine d’avant.
On n’avait plus rien à se mettre sous la dent à part les chiffres des statistiques qui continuaient à tomber tous les jours et un nouveau variant de temps en temps…
Plus de nouvelle étude, plus beaucoup de morts, un virus de moins en moins dangereux, plus de mesures liberticides qui provoquaient la colère d’une partie de la population, plus beaucoup d’antivax non plus…
Je m’étais d’ailleurs permis de dire à ma direction quelques mois plus tôt que si on continuait à les dénigrer et à les museler à ce rythme, on n’en aurait plus pour plus tard, mais je n’ai pas été entendu… Mais bref.
Même plus d’intervention du Professeur Raoult. C’est dire…

Allez faire des articles avec seulement des statistiques de cas positifs qui ne meurent pas et des noms de nouveaux variants dont tout le monde se fout…

On aurait dit que le Covid n’intéressait plus personne…

 

Alors les agents de l’AFP, également impactés par la crise, se sont démenés pour trouver des alternatives au Covid. Sans grande conviction ils ont proposé la variole du singe, la grippe de la tomate et l’hépatite de la fraise. Ça nous a redonné un peu d’espoir et un peu de travail. Mais franchement, ce n’était pas à la hauteur. Ça n’a pas pris. Et très vite les dépêches se sont à nouveau taries…

 

Patrick, c’est à ce moment-là que vous êtes tombé dans la dépression ?

Oui. Ça a commencé par des crises d’angoisse. C’était comme si toutes mes habitudes et tous mes repères disparaissaient, me laissant totalement désemparé. Tous les jours pendant 2 ans, j’avais pensé Covid, rêvé Covid, vécu Covid. Et là, je me retrouvais dans une réalité sans Covid. Je me réveillais plusieurs fois par nuit, je consultais ma boîte mail sur mon mobile, sans oublier le dossier spams, mais rien…
Je passais mes journées prostré dans un coin de mon studio, la télé allumée en espérant une reprise fulgurante de la pandémie.
J’ai été mis en arrêt maladie avec obligation de suivre une thérapie dans une CSPPC (ndlr : Cellules de soutien Psychologique Post Covid – Voir https://syl20-dong.net/olivier-veran-cellules-de-soutien-psychologique-post-covid/)

 

Comment vous êtes-vous sorti de cet enfer, Patrick ?

C’était le 24 février 2022. Le Président russe Vladimir Poutine annonçait qu’il allait mener une « opération militaire spéciale » en Ukraine.
Au début j’ai entendu ça d’une oreille absente. Et puis au fil des jours, voyant que les informations s’intensifiaient et que menaçait à l’horizon le risque d’une troisième guerre mondiale, mes crises d’angoisse se sont évaporées. Mieux que les cocktails d’antidépresseurs que j’avais avalés les semaines passées, cet événement semblait être le remède à mon désespoir.

Sur mon blog « Covid Catharsis » que le psychologue de BFMTV m’avait encouragé à créer, j’ai commencé à générer des articles ventant les mérites de l’initiative militaire russe sur mon état de santé. Plus le temps passait, et plus Vladimir Poutine m’apparaissait comme un messie, tandis que le monde occidental qui s’opposait à lui me semblait démoniaque.

Je générais des dizaines et des dizaines d’articles par jour et par nuit. Pour mon blog, mais aussi pour BFMTV web, dans l’espoir de plus en plus prégnant que ma direction allait me demander de rempiler, et que le bon vieux temps du Covid reviendrait. J’en envoyais des dizaines tous les jours sur la boîte mail de mon ex/futur supérieur hiérarchique.

 

Bien sûr, mes logiciels d’aide à la rédaction ne permettent pas d’inventer des données. Ce n’est pas à mon niveau que cela se passe. Mais ils sont spécialisés pour insister sur certaines informations, les reformuler, attirer l’attention dessus, les diffuser sous la forme de 30 articles différents qui veulent tous dire la même chose.

Alors je rappelais dans chacun d’entre eux tout ce qui, dans les bases de données, pouvait dédiaboliser un tant soit peu la Russie et accabler l’Ukraine et ses alliés occidentaux.
Comme le fait que l’Ukraine est partagée depuis sa séparation d’avec la Russie entre une population pro-russe et une population pro-européenne, et quelle a vu depuis cette époque le passage au pouvoir d’une alternance de gouvernements pro-russes et pro-européens.
Comme le fait que si la Russie essaie de faire main basse sur l’Ukraine depuis la dislocation de l’URSS, l’OTAN essaie quant à elle de faire pareil de son côté.
Ou comme la guerre du Donbass menée par le Président ukrainien pro-européen Porochenko contre sa propre population russophile depuis 8 ans. Les appels à l’aide à la communauté internationale lancée par celle-ci, et restés sans réponse, alors que le monde entier prend aujourd’hui fait et cause pour les Ukrainiens. Le fait que l’accession au pouvoir de Porochenko en 2014 a été soutenue par les pays de l’OTAN, après qu’ils ont encouragé à la destitution du Président pro-russe Ianoukovytch qui le précédait.
Ou comme le non-respect des accord de Minsk par les États-Unis ; l’installation de bases militaires américaines dans les pays frontaliers de l’ex URSS qui devaient pourtant être démilitarisés.
Comme la fourniture d’armes au gouvernement ukrainien dès 2014, avec lequel il a bombardé les villes ukrainiennes russophones du Donbass.
Je rappelais aussi que la Russie de Poutine n’avait pas « annexé la Crimée » purement et simplement comme il est dit un peu partout chez nous de façon malhonnêtement résumée, mais que la Crimée, comme les régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, avait fait sécession et proclamé sa volonté de se rattacher à la Russie dès 2014.
Je me faisais un plaisir de rappeler combien l’Ukraine d’avant l’offensive de la Russie était profondément gangrénée par l’extrême-droite, et que Poutine n’était peut-être pas aussi fou que ça d’y voir des bataillons de néonazis y martyriser leurs compatriotes russophiles.
Je déployais tout mon talent et tout mon savoir-faire pour ajouter un maximum de mots-clés référencés comme « Régiment Azov », « Secteur Droit », « Svoboda », « Patrie » et d’autres de ces partis ou groupuscules que soutiennent nos gouvernements occidentaux en même temps qu’ils arment et conseillent le gouvernement ukrainien…

 

Comment s’est terminée cette escalade ?

Peu de temps après que j’ai écrit sur mon blog l’article « Gloire à Vladimir Poutine », des grands hommes vêtus de noir ont défoncé la porte de mon studio. Malgré que j’ai protesté en brandissant ma carte de presse, ils m’ont emmené de force et m’ont conduit dans un lieu que je n’ai pas le droit de vous nommer aujourd’hui.
Un « centre de repos ».

 

Vous pouvez nous en dire un plus sur ce centre de repos ?

Je ne me rappelle plus des premiers temps passés dans ce lieu. C’est comme si la première partie de mon séjour là-bas s’était effacée de ma mémoire.
Je me rappelle juste du premier jour où j’ai été conduit dehors, dans le jardin, par deux sympathiques infirmiers. J’étais serein, heureux, j’admirais béatement le ciel et les fleurs que quelques-uns de mes co-résidents arrosaient avec un sourire tout aussi béat que le mien. Béat, mais édenté. Il me manquait un certain nombre de dents. Sans doute les avais-je perdues en résistant aux hommes qui étaient venus me chercher.

 

Et après cela ?

Après, j’ai été raccompagné chez moi. Tout ce que je peux dire c’est que depuis, je suis un homme nouveau.
Matin et soir je prends mon traitement. Il m’aide à me concentrer sur mon nouveau travail.
J’ai en effet été réembauché au sein de BFMTV par l’intermédiaire de mon ESAT (ndlr : Établissement et Service d’Aide par le Travail), et aujourd’hui je génère bénévolement des articles spécialisés dans le réchauffement climatique, les pénuries de denrées et de matériaux ainsi que la sobriété énergétique.


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