Pensées Profondes
Profitez de votre passage aux WC – cette pause au milieu du tumulte de la vie quotidienne – pour exprimer vos pensées profondes.
Pour ça, c’est facile, il vous suffit de renseigner votre adresse imaile et votre nom ou pseudo dans le formulaire ci-après-dessous-plus-bas, et de vous laisser aller.
Ce faisant, vous me donnez l’autorisation de recueillir vos pensées profondes afin, peut-être, d’en publier un florilège qui – espérons – restera dans les annales.
(Pour une plus ample description du projet, voir sous le formulaire.)
Quelques exemples de Pensées Profondes :
Veni, vidi, vite chié.
Après avoir visité le lieu, j’étais solidaire de la campagne #balancetonporc. Une vraie porcherie.
C’est un trou de merdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux fesses des clochettes marrons.
Je n’écrirai rien. En tant qu’homme qui se respecte, je suis incapable de faire deux choses à la fois et je préfère me concentrer sur ma tâche.
Occupé !
C’est là qu’on aimerait une chaîne HI-FI diffusant du métal…
Si c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses vrais amis, alors les miens ont vraiment une sale gueule…
Je n’ai rien contre les nouvelles technologies, mais j’aurais préféré un livre d’or à l’ancienne parce qu’il n’y a plus de papier…
Aux chiottes les pensées profondes !
Tâches astreignantes ou fatigantes, cadences infernales, stress, préoccupations, sollicitations, tensions, bruit… Entre famille, administration, métro, boulot, dodo et impondérables, l’être humain du 21ème siècle ne dispose que de trop rares instants de repos, de calme et d’intimité propices à l’expression de ses pensées les plus profondes.
Dans ce quotidien tumultueux, le passage aux WC est devenu bien plus qu’un moyen d’assouvir une envie naturelle plus ou moins pressante : c’est une pause, un instant de repos, un échappatoire, un prétexte pour s’absenter, couper cours à une situation ou une conversation embarrassante, un moment privilégié de solitude, d’intimité et de calme, voire un lieu de réflexion, d’introspection et de recueillement contemplatif… Aussitôt avons-nous fermé la porte et baissé notre slip, culotte, caleçon, string ou boxer que nous nous retrouvons seul·e, calme, à l’abri des tourments et de l’effervescence du monde environnant.
Et puis c’est aux WC que l’être humain est le plus humble et modeste. Seul·e sans personne pour nous regarder, le pantalon ou la jupe sur les pieds, cul nu, poussant pour faire caca tout en essayant de contenir un pet audible, embaumé d’effluves malodorantes, on n’en mène pas large. Toute attitude de paraître disparaît, toute frime, toute prétention, toute gloire, toute fierté s’envole. Et de cette humilité peuvent surgir les pensées les plus pures, tout comme la fleur de lotus émerge de la vase fétide des marécages.
Mais plutôt que de surfer sur Facebook, de chatter sur Messenger ou de laisser vos pensées disparaître dans la pestilence du lieu, je vous propose de profiter de ce moment privilégié pour laisser surgir – en plus de vos déjections – vos pensées les plus profondes et de les consigner pour en garder la trace : réflexion, opinion, trait d’esprit, idée, bon mot, saillie verbale, sentiment… Ce que vous écririez dans un livre d’or, si les gens avaient la bonne idée d’en mettre dans leurs toilettes. Ce que vous inspire l’instant, le lieu… Tout ce qui vous passe par la tête. (Même celles et ceux qui disent de la merde – en plus d’en faire – sont invité·es à participer.)
* Si j’ai choisi Le penseur de Rodin pour illustrer cette initiative, c’est d’abord parce qu’il pense, bien sûr, mais c’est aussi parce que nu, assis dans une position inconfortable, concentré et crispé par l’effort, tout est réuni pour l’imaginer assis sur une cuvette de WC en train de couler un bronze.